"La connerie de ma vie!?"

C'est la première voie que j'équipe sur cette falaise vierge dans ce vallon
paumé du Destel. Ce vallon parlons-en : rien. Pas la moindre trace de sente.
Trop loin pour les chasseurs, trop délicat pour les randonneurs, rien à se
mettre sous la dent pour les grimpeurs, seulement un ou deux kilomètres
carrés de broussailles très difficilement pénétrables. J'en sais quelque
chose, j'ai essayé la semaine précédente d'accéder au pied de la falaise
sans rappel et j'ai renoncé.

Première descente en rappel donc. Un bloc très instable taille four à
micro-ondes ne demande qu'à suivre les loies de la gravité. Rapide coup
d'oeil vers le bas : rien ne bouge. Inutile de pousser les cris habituels,
y'a personne, c'est absolument certain.

Bascule du bloc, un rebond, il disparaît dans les broussailles et là,
l'horreur absolue : des grognements rauques d'une puissance incroyable et
des branches qui s'agitent en tout sens.
Les idées traversent mon cerveau à une vitesse incroyable : un couple
d'amoureux, des chasseurs à l'affut, des gamins jouant à tarzan, des
randonneurs égarés???
Je hurle : ça va? ça va? Pas de réponse alors que ça s'agite de plus belle.
C'est LA CONNERIE de mon existence, je suis vert. Je poursuis la descente
pour aller voir.

Subitement, l'agitation des broussailles atteint un paroxysme et... trois
sangliers sortent des taillis, le dernier semblant peu fringant...

La prochaine fois, avant de déloger le moindre caillou, je pousse des
hurlements, promis...

Annick-Alain

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