"Les Miraculés de Claret"

Cela faisait plusieurs mois que Hugues et moi équipions à Claret.
On n'avait rien demandé à qui que ce soit et nous n'en parlions à personne.
Ou presque : ce jour là, nous étions un samedi, et il y avait une grosse quinzaine
de personnes (!). Le bouche à oreilles fonctionnait à plein.

Pour autant, l'ambiance était extrêmement sympathique : le cercle amical
s'agrandissait, c'était tout.
Tout le monde semblait en être heureux. Nous, nous équipions et grimpions
TOUS les jours, et les copains -moins libres- découvraient chaque week-ends,
une bonne demi-douzaine de voies toutes neuves (!).

Ce jour là donc, j'avais prévu d'équiper ce qui allait devenir «Guère d'Usure».
J'étais pendu sur ma stat'. Immobile (j'avais demandé à Hugues de m'accrocher
le perfo au bout de la corde).
Immobile, car nous avions convenu de cette façon de faire : nous avions déjà
-l'un et l'autre- perdu quelques outils (!). Donc, dans ce cas de figure,
celui qui est en haut ne bouge plus.

Deuxième procédure : celui qui est en bas et qui accroche les outils, ne reste
JAMAIS à l'aplomb de celui qui est en haut (!).
Simple, et efficace.

Troisième procédure : celui qui équipe et met donc la corde pour le faire, nettoie
sys-té-ma-ti-que-ment l'endroit où passe sa corde : ne rien laisser de branlant
au dessus de sa tête !

Donc là, pas de soucis : j'ai nettoyé au dessus / je ne bouge plus / et Hugues...
haaaa... il n'a pas écarté le bout de la corde (!) : il est en train d'accrocher le perfo
JUSTE à mon aplomb !#@%. Pas sérieux.

Nous sommes au printemps et les martinets sont revenu.
Ils passent à toute vitesse : Fuuuuuuuit...
Pute (#@%), dans mon champ de vision, c'est pas un oiseau que je viens de voir :
c'est une masse sombre qui tombe de haut en bas !!

---»HUGUES !»

Hugues est en bas, courbé sur son affaire, et le caillou fait «POF»,
dans un bruit étouffé par la poussière qui se soulève -maintenant- à côté de lui.
A quelques centimètres de lui (!)... de sa tête.

Et lui, dans un flegme qui m'a toujours laissé pantois (moi, le speedygonzales
énervé et énervant) : je ‘t'ais pas dit qu'il fallait nettoyer avant de placer sa corde ?!».

«JE ‘t'ais pas dit» ?? Connard ! T'es le chef de chantier ? C'est çà ?»

Ca, je le pense, mais je ne moufte pas : j'ai moi-même failli prendre ce caillou
sur la gueule (un carton à chaussure)... et je sens bien que j'ai dû merder quelque part (!?)...

Et là, tout d'un coup, l'ambiance est devenue lourde.
Plus personne ne cause et il y a comme une mouvance de gens qui s'éloignent lentement
de «notre» périmètre... Au sol, ce doit être à peine perceptible. Mais moi, d'en haut,
je vois bien «l'onde de choc» : comme l'effet d'un caillou dans l'eau.

En dessous, il n'y a plus QUE Hugues ! Lui n'a pas bougé.
Il est juste en train de soupeser le caillou qui est tombé pas loin de sa tête.

Moi, je vous le dit : j'en ai pas rencontré beaucoup des COMME LUI !

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Après l'incident, il fallait voir, comment tout le monde courrait se mettre à l'abri,
à chaque fois que Hugues m'interpellait par mon prénom : «PIEEEERRE !»...
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A la tombée du jour, ce joli samedi s'est «un peu» terminé comme il avait commencé :
Hugues avait fini son chantier («Autodidacte») et se faisait mouliner pour récupérer
son matôs. Arrivé à mi-paroi (au départ des «vraies» difficultés), il s'accroche aux bras
d'une grosse concrétion. «TAC» : l'énorme saladier se détache et Hugues part dans
un pendule monstrueux. Il tiens dans ses bras le bittard de calcaire, et le lâche
quand il est au bout du ballant : «Chaaark, badaboum» dans la pente !
Ouf.

Bon, vous me croyez si vous voulez : le lendemain -un dimanche donc- DEUX personnes
sont arrivés avec des casques sur la tête ! Je me souvient : un blanc et un bleu.

Allez !

pierre

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Franchement, je n'ai jamais su ce qui s'était passé réellement.
Ma corde partait, en diagonale, depuis le plateau jusqu'à mon point de renvoi...
Une chute de pierre spontanée ? Mystère.

p.

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