"Quand ça tourne à la galère"
Des fois, l'équipement ça devient vraiment galère. Jugez plutôt.
Hier je me pointe au Verdon pour finir d'équiper les trois premières longueurs
d'un vieux projet. Il fait grand beau et grand froid.
Accès par les tunnels du Sentier Martel puis je monte sur la Terrasse
de la Castapiagne pour rejoindre par une traversée, ma statique
qui attend depuis un an, cachée dans une grotte.
La paroi est au soleil, tout va bien.
En descendant, j'installe les points d'assurage dans les longueurs inférieures.
3 longueurs, 3heures de boulot, ceux qui connaissent comprendront.
En remontant je nettoie les blocs et écailles instables, parmi lesquels quelques
sympathiques mastodontes. Dans la troisième longueur, sous un petit toit,
l'un deux me donne du fil à retordre. Je m'acharne, m'arc-boute.
Soudain, bling!! Le piton de renvoi sous le toit s'arrache et je pars
en vol plané 100m au dessus du Verdon pour revenir m'éclater
contre le rocher la tête en bas.
Ca m'apprendra à mettre de grandes boucles de mou entre les renvois.
Un peu sonné, mais pas de mal hormis une bonne frayeur
(le vol sur une vieille stat ça m'enchante pas des tonnes).
Je poursuis ma remontée et mon nettoyage au galop car la nuit approche.
Enfin revoilà la grotte. Je hisse mes 20kg de stat (ceux qui connaissent
comprendront), en plie une partie que j'accroche à mon baudrier
et refais le sac. Très chargé, j'attaque les dix derniers mètres de jumar
qui me séparent de la Terrasse, un empilement de bloc terreux et... un peu terreur!
Quelques mètres plus haut, la stat caresse une grande écaille posée sur un bloc,
il va falloir jouer fin. Je m'élève avec précaution lorsque soudain,
une cordelette qui pend de mon baudrier s'accroche dans une racine.
Gêné par le poids du matos, je me penche péniblement et tente de dégager la cordelette.
Il n'en faut pas plus pour déloger l'écaille qui tombe droit sur moi.
Je pare le choc comme je peux avec les bras pour protéger ma tête
et le bloc poursuit sa course vers le Verdon. La douleur est intense et,
dans la pénombre, il me faut un moment pour m'assurer que j'ai toujours
tous mes doigts et tous mes bras.
Bilan : un pouce écrasé, la main droite hors d'usage plus quelques hématomes
et estafilades aux avant-bras ; le sang pisse allègrement.
Je remonte rageusement les derniers mètres, l'écheveau de stat s'accroche partout,
je misère avec une main pour faire coulisser le shunt sur la corde (ceux qui connaissent...).
Enfin j'arrive à mon relais. Encore quelques mètres de désescalade dans un maëlstrom
vertical de blocs, de terre et de buis pour rejoindre la Terrasse.
Tout ce qui peut s'accrocher quelque part le fait : les dégaines, les cordelettes,
la stat, le sac et même les lacets de chaussures. Je suis au bord de la crise de nerf,
le Verdon et sa végétation sont envoyés à tous les diables. Je sais, avec un peu de recul,
tout ça n'est pas bien grave, MAIS CA FAIT CHIER PUTAIN !!!
Enfin me voilà dans la forêt de buis, et si au dessus il fait nuit, dessous il fait encore plus nuit !!
Séance ramping sur trois pattes dans la forêt dense pour rejoindre le chemin
et enfin le Sentier Martel (ceux qui...). Reste plus qu'à retraverser les tunnels,
à la nage plus qu'à pied (il a plu ces derniers temps n'est-ce pas ?),
chargé comme un mulet voire deux !
Voilà, c'était une petite journée d'équipement qui tourne à la galère.
Comme ça, tout ceux qui ne connaissent pas comprendront !
Hervé.
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