"To be purged or not to purge!"

Gorges du Tarn, Juillet 2001.

L'été c'est connu les moniteurs d'escalade turbinent. Boucherie-moulinettes ou poissonnerie- canyon, c'est le moment de bosser…

Et bien moi cette saison là j'avais choisi le bénévolat, celui qui consiste à se faire des journées de 10 heures à bartasser, trouer, marteler, débiscoter, brosser, bref équiper de nouvelles (et jolies !) voies. Tout équipeur connaît ça, l'excitation de la ligne vierge et la démence du caillou neuf.

Donc impossible de déscotcher de ce nouveau secteur que je venais de découvrir, à un petit quart d'heure de marche du cirque des Baumes…

Huitième jour de boulot pour la huitième voie de la falaise.

Manip classique, je remonte sur la stat, et commence à traverser avec tout mon bordel pour équiper ce qui s'appellera plus tard «  crash test positif  », joli 7a de 40 mètres .

Donc je traverse, et installe un fractio sur un petit buis, qui à première vue m'inspire peu confiance.

Ca à l'air de tenir, je m'y pends et descends au grigri jusqu'à la zone saine qui accueillera le relais.

Nickel.

Je démarre le perfo.

Pas le temps d'attaquer le trou que je me sens partir. Ce putain de buis, que je venais tout juste de reléguer au rang de fractio moisi, vient de péter net.

Gros pendule, pas prévu au programme.

Surtout avec le ryobi dans les mains.

Il me reste plus qu'à atterrir sur le pilier d'en face qui se rapproche bien trop vite. Je mets le pied mais un peu mollement puisqu'à l'impact ce con (de pied) vient se mettre perpendiculaire à mon tibia. Jamais vu ça, et pas le temps de voir longtemps d'ailleurs car la douleur trop violente me plonge dans l'inconscience une bonne paire de secondes.

 

Je reviens à moi et fait un rapide point de la situation merdique dans laquelle je me trouve : pendu sur ma stat plein gaz, le pied explosé et qui a triplé de volume, à moitié dans les pommes.

Faut pas traîner.

Je descends au sol pour faire un diagnostic, et comme prévu je ne tiens pas debout, à mon avis la cheville est cassée.

Que faire ? Finir d'équiper la voie ? Pas bien raisonnable.

Il faut que je rejoigne la bagnole et que je trouve de l'aide, car le portable ne passe pas dans les gorges.

Hors de question de laisser tous le matos, j'embarque le perfo et le sac, et attaque une lente reptation dans le chemin que je n'avais pas encore débartasser. Remarque comme ça c'est l'occasion de le tracer pour de bon.

Deux heures de galère sur le cul plus tard j'aperçois la route.

Presque sauvé.

Sauf que je viens de poser mes fesses sur un nid de guêpes de terre bien coriaces. Ces vilaines m'assaillent de toute part, facile puisque je peux difficilement courir.

Le sort s'acharne.

Re-douleur, comme si ça ne suffisait pas…

Je fuis tant bien que mal, et arrive sur le macadam de la départementale comme une merde à la station d'épuration: blindé de poussière, des piqûres de guêpes plein la gueule, assoiffé (il fait 40° à l'ombre), les dreadlocks en vrac, de quoi faire peur aux touristes à qui je fais de grands signes, allongé au bord de la route.

Pas un ne s'arrête.

Horrifié par mon état ces braves gens me prennent sûrement pour un alcoolique ou je ne sais quel hippie en transe.

Va falloir se démerder tout seul, qu'à cela ne tienne j'attaque la route jusqu'à Millau, le pied gauche encore valide sur l'embrayage, la main droite (remplaçant le pied explosé) sur l'accélérateur.

Les Vignes-Millau : 1 heure 30 !

Direction chez Jérémy, le seul pote du coin qui habite au troisième…Je ne suis plus à ça près et taxe un balai qui me fait office de béquille dans les escaliers.

Jérémy me récupère et m'emmène à l'hosto.

Et là le summum. L'ultime.

Dans le bureau des urgences, entre deux paperasses, l'infirmière recule avec sa chaise roulante…sur mon pied droit !%*#

J'ai tellement mal que j'en rigole…

Arno Catz.

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Bilan final : grosse entorse, petit arrachement osseux, mais pas de fracture. Rien de grave mais une cheville définitivement niquée…

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Le secteur a été nommé par Jean-noël : la patte cassée .

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